Paris fera-t-il mieux que Copenhague ?
Laurent Fabius, qui présidera la conférence sur le climat ou COP21 à Paris en décembre prochain, ne cache pas les difficultés qui s'annoncent à trouver un accord sur le climat.
A quelques semaines de ce grand événement planétaire, le fiasco de la conférence de Copenhague en 2009 est encore dans toutes les mémoires.
A l'époque, les participants à cette convention-cadre des Nations unies sur le réchauffement climatique n'étaient pas parvenus à surmonter de profondes divergences entre pays développés, émergents et en développement.
Les négociations qui se tiendront en décembre à Paris seront décisives pour l'avenir de la planète et de l'humanité.
L'objectif est de parvenir à un accord contraignant capable de limiter à 2°C l'augmentation de la température mondiale. En effet, les scientifiques s'accordent sur le fait qu'une hausse supérieure à 2°C aurait des conséquences catastrophiques et vraisemblablement irréversibles sur notre planète.
D'où vient le problème ?
La réalité du réchauffement climatique et la nécessité de le freiner sont désormais largement acceptées.
Le problème se situe ailleurs. Il s'agit plutôt de la difficulté à gérer un bien commun à l'humanité, sur le très long terme et en impliquant dans ce processus plus de 200 nations...
Les économistes le savent bien, la gestion des biens communs est toujours problématique. Dans un groupe, chacun peut se dire que le comportement d'une personne ne change rien, que les autres vont faire les efforts nécessaires et choisir de jouer le "passager clandestin", sans se soucier du bien commun.
Le changement climatique, qui nécessite la gestion d'un bien commun à l'échelle mondiale (l'atmosphère), soulève plusieurs difficultés :
- la prise de conscience de l'urgence à agir n'est pas évidente
- chaque pays peut être tenté de laisser aux autres la charge de réduire les émissions de gaz à effet de serre
- la nature juridique du futur accord, contraignante ou non, n'a pas encore été arrêtée
- il sera difficile de faire accepter à toutes les nations des règles communes et de les faire appliquer
Quelles solutions envisager ?
Pour résoudre le problème du "passager clandestin", les économistes préconisent d'imposer un prix uniforme sur les émissions de gaz à effet de serre ou taxe carbone mondiale.
Ainsi, grâce au principe du pollueur payeur, chaque pays serait incité à faire des efforts de réduction de ses émissions, pourvu que cela lui coûte moins cher que de polluer.
Dans ce cas, la contrainte serait collective, mais le bénéfice serait maximal pour l'environnement et donc pour tous les pays à long terme.
Hélas, cette approche qui a fait ses preuves dans le passé pour résoudre d'autres problèmes environnementaux, semble difficile à faire accepter. Déjà lors de la conférence de Copenhague en 2009, l'idée d'un prix mondial de la tonne de CO2 avait été abandonnée.
Les pays participants s'étaient contentés de prendre des engagements volontaires et non contraignants pour limiter leurs émissions de GES. Autant dire des promesses peu crédibles et très insuffisantes...
Un compromis acceptable entre ces deux approches serait la mise en place d'un marché de permis d'émission, où les pays pourraient échanger de tels permis.
Ces "marchés du carbone" existent déjà pour les industriels dans plusieurs régions du monde, en Europe, en Californie, dans l'est des États-Unis, au Québec et dans certaines régions chinoises. Il suffirait donc d'étendre ce système.
Cette solution n'est pas parfaite mais a pour avantages d'être faisable et de définir un prix du carbone unique au niveau mondial.
De plus, elle permettrait des mesures de compensation en faveur des pays en voie de développement, sous la forme d'attributions gratuites de permis.