1- Quel objectif s'est-on fixé ?
Dans son discours du 6 juillet 2017, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a annoncé une révolution dans l'industrie automobile, en déclarant : "Nous annonçons la fin de la vente des voitures à essence et diesel d'ici 2040".
Tout en reconnaissant que cet objectif est "lourd" pour les constructeurs automobiles, le ministre entend mettre fin à la commercialisation des voitures qui émettent des gaz à effet de serre à l'horizon 2040.
Pour les remplacer, il mise sur le développement des voitures électriques qui ne représentent aujourd'hui qu'une part minime du parc automobile dans le monde.
En 2016, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), il y avait 2 millions de véhicules électriques et hybrides dans le monde, contre environ 1 milliard de véhicules thermiques.
En d'autres termes, 99,8% des voitures actuellement en circulation sur la planète sont propulsées exclusivement par un moteur à explosion.
Il y a donc beaucoup à faire pour imposer la voiture électrique dans nos villes. Mais tout espoir n'est pas perdu car, selon une étude récente de l'institut Grantham du Collège impérial de Londres, d'ici 2040, les voitures électriques représenteront plus de la moitié du marché mondial.
2- Est-ce réalisable ?
L'un des principaux freins à l'adoption de la voiture électrique par le grand public est son coût à l'achat.
Or, de nombreux constructeurs estiment que le prix des voitures électriques va passer sous les 30.000 dollars avant 2030, grâce notamment à la chute du prix des batteries.
Le prix des batteries a déjà diminué de deux tiers depuis 2010. On estime également que leur autonomie va encore tripler d'ici 4 ans.
Outre les progrès techniques dans ce domaine, un autre facteur devrait booster le marché de l'électrique dans les années à venir : le contexte politique.
En effet, avec l'Accord de Paris, les Etats du monde entier (sauf les Etats-Unis, la Syrie et le Nicaragua) se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ils vont donc avoir leur rôle à jouer, par le biais de politiques environnementales et de mesures incitatives, dans l'adoption des voitures électriques.
En France, la Renault Zoé coûte actuellement 23.000 euros, mais l'État verse 6.000 euros de bonus écologique.
Pour généraliser les véhicules électriques, les pouvoirs publics devront aussi assurer la production d'électricité "propre" et équiper tout le territoire en bornes de rechargement.
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3- 2040, n'est-ce pas trop loin ?
Nicolas Hulot a annoncé la fin de la vente des voitures diesel et à essence d'ici 2040. A l'échelle politique, ce délai peut sembler très lointain : il y aura eu 4 élections présidentielles d'ici là !
Mais, au vu des investissements et des aménagements à réaliser, 23 ans ne représentent pas un si grand délai.
Un changement de cette ampleur ne se fera pas du jour au lendemain, ni dans les villes ni dans les mentalités...
4- Et pour les ménages modestes ?
A plus court terme, Nicolas Hulot a confirmé la promesse de campagne du candidat Macron de "faire converger la fiscalité entre le diesel et l'essence avant la fin du quinquennat".
Actuellement, les taxes sur le diesel sont moins élevées que sur l'essence, alors que ce carburant coûte plus cher à produire et qu'il est plus polluant.
Mais surtout, le ministre de la Transition écologique a annoncé que les ménages les plus modestes vont bénéficier d'une "prime de transition" pour se débarrasser de leurs voitures polluantes au profit d'un véhicule plus propre.
Cette prime permettra de remplacer un véhicule à essence datant d'avant 1997 ou un diesel d'avant 2001 par un véhicule plus propre neuf ou d'occasion. Le montant de cette prime n'a pas encore été précisé, mais elle viendra s'ajouter à l'actuel bonus-malus.
A noter : il ne s'agit pas d'une prime pour faciliter le passage à la voiture électrique, mais d'une prime pour ôter de la circulation les voitures les plus anciennes et les plus polluantes, en les remplaçant par des véhicules plus récents.
5- Et dans les autres pays ?
Comme l'a indiqué Nicolas Hulot dans son discours, l'Inde a mis en place un plan similaire et a affirmé vouloir arrêter la vente des véhicules à essence d'ici 2030. Parallèlement, le pays va mettre en place des aides à l'achat de véhicules propres dans les prochaines années.
L'Inde et la France ne sont pas les seuls pays à envisager sérieusement la fin des voitures thermiques : les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Autriche et la Norvège pensent aussi bannir totalement les voitures à essence ou diesel d'ici 10 à 20 ans.
En outre, de plus en plus de grandes villes, comme Paris, Madrid, Athènes et Mexico adoptent des mesures dissuasives comme les péages urbains, les zones "à trafic limité" ou "à circulation restreinte" et les vignettes de différentes couleurs selon les émissions polluantes du véhicule.
Dans son discours, Nicolas Hulot a indiqué qu'il souhaite que l'Europe dans son ensemble se positionne sur la fin des voitures thermiques d'ici 2040. Il a déclaré que la France compte "réunir une coalition de pays pour promouvoir cet objectif".