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France : où en est-on du recyclage des masques ?

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les masques chirurgicaux à usage unique se sont imposés comme une solution contre les contaminations, mais aussi comme un problème pour l’environnement. Face au fléau des masques usagés jetés dans la rue, plusieurs initiatives ont émergé en France pour encourager le recyclage des masques. Alors que le Global Recycling Day (journée mondiale du recyclage fixée le 18 mars) approche, nous vous proposons de faire le point sur la question.

Sommaire


Temps de lecture moyen : 5'16
Copyright : Pixabay

Un fléau pour l’environnement

En 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, le port du masque chirurgical s’est généralisé bien au-delà des services hospitaliers. La production de ces masques a été multipliée par 200 en un an !

 
Selon les estimations de l’ADIT, l’Agence pour la diffusion de l’information technologique, entre 6,8 et 13,7 milliards de masques à usage unique auraient été utilisés en France en 2020.

 
Ces protections ont bien sûr permis de ralentir l’épidémie en évitant des contaminations, mais elles ne sont pas sans conséquence pour l’environnement.

 
En plus du pétrole nécessaire à leur fabrication et de l’empreinte carbone liée à leur transport, ces masques "à usage unique" génèrent énormément de déchets. On estime que les masques usagés ont représenté 40.000 tonnes de déchets non recyclés en France en 2020.

 
Quand ils sont correctement collectés avec les ordures ménagères, ces masques finissent incinérés ou enfouis, ce qui est source de pollution.

 
Pire encore, ils sont parfois jetés à terre, dans les rues ou dans la nature : dans ce cas, ils risquent d’être emportés vers les réseaux d’eaux pluviales ou d’assainissement et de poser problème dans les stations d’épuration, tout comme les lingettes...

 
De plus, comme ils sont composés d’un assemblage de plastiques, de bandelettes élastiques et d’une barrette métallique, ces masques ne sont pas biodégradables et mettent des dizaines d’années à se décomposer dans la nature.

 

 

Des actions gouvernementales

La question du traitement des masques usagés est si épineuse que la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire a confié une "mission flash" à ce sujet à deux députés : Danielle Brulebois, députée du Jura (La République en Marche) et Gérard Leseul, député de Seine-Maritime (Socialistes et apparentés).

 
Une dizaine d’auditions et de tables rondes ont été menées tout au long du mois de janvier 2021, avec des représentants de l’industrie du recyclage, des élus locaux, des associations, des organisme de recherche et des entreprises spécialisées dans la collecte et le recyclage des masques.

 
Parallèlement, le gouvernement a renforcé ses actions de prévention contre les dépôts sauvages et l’abandon des masques dans la nature.

 
Il a notamment lancé des campagnes de communication via différents médias (radio, réseaux sociaux, affichages…) et a augmenté les sanctions. Le montant de l’amende encourue en cas de masque jeté à terre a ainsi été porté à 135 euros en décembre 2020, contre 68 euros auparavant.

 

 

Des initiatives locales

Par ailleurs, des initiatives encourageantes ont émergé localement pour favoriser le recyclage des masques usagés.

 
Plusieurs entreprises ont en effet mis leur savoir-faire au service de la collecte et du recyclage de ces masques, avec le soutien des collectivités locales :

  • TerraCycle en région parisienne
  • Cosmolis à Avelin
  • Neutraliz à Tours
  • Plaxtil à Châtellerault
  • Cycl-Add à Oyonnax.

 
TerraCycle a développé ses propres boîtes de collectes pour les masques. Elle les nettoie et les transforme en granulés qui serviront à produire des palettes plastiques, des poubelles ou du mobilier de jardin !

 
À Tours, Neutraliz recycle les masques dans des filières encore plus diversifiées : la plasturgie mais aussi le textile ou le bâtiment.

 
Ces initiatives locales ont démontré que le recyclage des masques chirurgicaux est possible, malgré les difficultés liées au risque infectieux, aux caractéristiques des masques et au coût de cette opération.

 
Recycler les masques de protection contre le Covid n’est pas facile car :

  • le virus reste viable pendant sept jours sur les masques chirurgicaux
  • les installations de tri actuelles sont inadaptées et une collecte spécifique est nécessaire : les masques sont très légers (4 grammes) et leurs élastiques se coincent dans les machines de tri. Ils ne peuvent pas être jetés dans la poubelle jaune avec les autres déchets recyclables.

 
Et cela coûte cher : 19.000 euros la tonne quand les masques sont collectés dans des boîtes de collectes conformes à la réglementation, et 5600 euros la tonne s’ils sont collectés dans des sacs dédiés. Ce recyclage est donc beaucoup plus cher pour l’instant que celui des emballages plastiques, à 442 euros la tonne.

 

 

Que faut-il retenir ?

En attendant que des filières locales de recyclage soient mises en place dans votre région, n’oubliez pas que les masques doivent être jetés avec les ordures ménagères, dans la poubelle grise.

 
Trop de masques finissent encore par terre ou dans la poubelle jaune dédiée au recyclage, ce qui entraîne des refus de tri.

 
Pour limiter les déchets, vous pouvez privilégier les masques réutilisables en tissu, à condition bien sûr de choisir des masques homologués et non des masques artisanaux ou faits maison !

 
À l’avenir, des points de collecte spécifiques pourraient voir le jour dans des lieux collectifs comme les supermarchés, les grandes entreprises, les écoles et les lieux d’accueil du public…

 
Des partenariats entre les collectivités, les acteurs du recyclage et les entreprises permettraient de recycler massivement les masques à l’échelle des territoires, en circuit court.

 
Le recyclage des masques, qui en est encore à ses balbutiements, sera peut-être demain une opportunité pour l’économie sociale et solidaire car elle est source d’emplois non délocalisables.

 
Cette mission pourrait être confiée aux sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) et aux structures d’insertion par l’activité économique (SIAE).

 
Puisque ces masques sont aujourd’hui essentiels contre l’épidémie, des solutions innovantes devront être trouvées pour traiter ces nouveaux déchets. Leur recyclage représente un défi sanitaire, environnemental et technique que la France commence à peine à relever.

 

Auteur :   |   Date de création :   |    Dernière mise à jour : 01/03/2021