Une des plus anciennes forêts de France
La forêt feuillue de plaine était jusqu'ici absente des paysages des parcs nationaux français. Cet oubli sera bientôt réparé avec la création en 2019 du 11e Parc national français : le parc des forêts de Champagne et de Bourgogne.
Seuls une dizaine de territoires triés sur le volet pour leurs caractéristiques originales bénéficient actuellement de l'appellation de "parc national" en France.
Ce onzième parc, qui devrait voir le jour en 2019 aux confins de la Champagne et de la Bourgogne, a pour vocation de préserver l'une des plus anciennes forêts de France.
Dans cette zone poussent des hêtres, des chênes et des frênes qui sont, pour beaucoup, multicentenaires.
Les massifs forestiers de Châtillon, d'Arc-en-Barrois et d'Auberive se caractérisent par leurs feuillus, mais aussi par leurs sources (notamment celles de la Seine et de l'Aube), leur faune et leur flore.
Le 11e parc national français, destiné à protéger ces trésors naturels, s'étendra sur 241.000 hectares et sera constitué à parts quasi égales de forêts (55%) et de surfaces agricoles (45%).
Il comprendra au total 127 communes, dont une partie se trouveront dans le futur coeur du parc.
Ce parc aura aussi pour particularité d'abriter une réserve intégrale, un espace forestier dans lequel la forêt va redevenir sauvage : sur ces 3000 hectares, il n'y aura plus d'exploitation forestière, ce qui est unique en France !
Copyright : rene boulay
Une biodiversité exceptionnelle
L'appellation Parc national distingue les plus beaux territoires français et en particulier ceux dont la biodiversité est exceptionnelle.
Le futur parc des forêts de Champagne et de Bourgogne ne fait pas exception puisqu'il est l'un des rares sites où l'on croise encore la très discrète cigogne noire.
Cette espèce vulnérable vient s'y reproduire et y nicher au printemps. Or, sa présence dans ces lieux est un bon indicateur écologique.
Elle est le signe d'une forêt de qualité, avec de grands arbres et une présence humaine limitée. Elle indique aussi une bonne qualité des cours d'eau car c'est là que les cigognes noires trouvent leur nourriture...
Copyright : Frank Vassen
Outre cet oiseau emblématique, le 11e parc à cheval entre la Haute-Marne et la Côte-d'Or abrite toute une faune forestière composée de renards, blaireaux, martres, belettes, hérissons et chauve-souris.
Ces forêts se distinguent par un grand nombre d'ongulés (cerf, sanglier, chevreuil) et par une remarquable population de chat forestier. Les insectes et les escargots y abondent.
Côté flore, une grande diversité d'arbustes et d'arbrisseaux poussent à l'ombre des arbres.
On y recense également des plantes de sous-bois typiques des sols calcaires et des espèces remarquables comme la Nivéole de printemps, le Lis martagon et le très spectaculaire Sabot de Vénus.
En plus de très nombreuses espèces de mousses et de lichens, ces forêts abritent des champignons en abondance : les girolles, morilles, cèpes et autres truffes de Bourgogne qui font le bonheur des gourmets ne sont que quelques-unes des espèces présentes.
Une aubaine pour l'économie locale
La création du 11e parc national français dans la région est aussi une aubaine pour l'économie locale.
L'Etat a déjà investi près de 4 millions dans ce projet et des études ont montré que chaque euro investi dans un Parc national représente en moyenne 14€ de retombées locales.
Même si le tracé de la zone réglementée (le coeur du Parc), encore à l'étude, est une source d'inquiétude pour les agriculteurs et les exploitants forestiers, ce projet représente aussi une formidable opportunité.
Dans cette zone traditionnellement caractérisée par des activités d'agriculture intensive, de production de bois et de chasse, la création du parc devrait favoriser le développement du tourisme vert et des activités de pleine nature.
Il y a là bien sûr un paradoxe que déplorent certaines associations de défense de l'environnement...
